
Le Dr Dunham fut diplômé de l’Université de Columbia avec mention en 1847. En 1850, il obtint son diplôme de docteur en médecine au Collège des médecins et chirurgiens de New York. Alors qu’il se trouvait à Dublin, il fut victime d’une blessure de dissection qui faillit le tuer, mais à l’aide de l’homéopathie, il se soigna lui-même avec Lachesis. Il fréquenta divers hôpitaux homéopathiques en Europe, puis se rendit à Munster où il logea chez le Dr Boenninghausen ; il étudia les méthodes de ce grand maître. Ses travaux comprennent des « conférences sur la médecine » et « l’homéopathie – science de la thérapeutique ».
Le Dr Caroll Dunham, a développé ses propres médicaments après avoir soigné avec succès ses propres maladies. Ses hautes dynamisations ont été obtenues mécaniquement et jouissent d’une excellente réputation pour leur fort impact sur le patient. C’est pourquoi ils ont été très populaires jusqu’au milieu des années 40. (source : https://www.remedia-homeopatia.hu/shop/Caroll-Dunhamset-1g-129-Stk/p8200253/c52)
Une science complexe…
La thérapeutique est la plus complexe de toutes les sciences de la nature. Chacune des catégories de phénomènes nécessite pour son étude l’aide de plusieurs sciences auxiliaires. Ainsi, pour connaître à fond les phénomènes de maladie, il faut faire appel à l’Anatomie et la Physiologie, la Chimie, la Physique et la Psychologie…

Des stimuli et de la sensibilité…
L’organisme vivant possède une sensibilité à l’action de certains stimuli généraux, tels que la lumière, la chaleur, l’électricité, l’alimentation, l’air atmosphérique, etc. L’action et la réaction de ces stimuli et cette susceptibilité sont les conditions de la vie. L’action et la réaction de ces stimuli et cette susceptibilité sont les conditions de la vie. Tant qu’ils agissent sur elle dans une juste proportion relative, en termes d’intensité et de quantité, l’équilibre des fonctions est préservé et l’organisme continue à fonctionner sainement. Le retrait absolu de l’un des stimuli pendant une durée considérable entraîne la mort. Une perturbation de leur juste répartition, en termes d’intensité ou de quantité, entraîne un fonctionnement anormal de l’organisme – un écart par rapport à la santé-maladie. Mais ces stimuli varient continuellement en proportion, ou, en d’autres termes, la susceptibilité relative de l’organisme change continuellement.

Les affections : une existence permanente ? …
Pourquoi les affections n’existent-elles pas en permanence ? Parce que l’organisme est doté soit d’une faculté de compléter provisoirement et de façon limitée un stimulus par un autre, soit d’une sorte d’élasticité, d’un pouvoir de supporter pendant un certain temps une perturbation de l’équilibre de ces stimuli, et de revenir à un fonctionnement normal dès que la proportion naturelle des stimuli est rétablie ou que la carence est comblée. À cet égard, l’organisme vivant se distingue d’une machine inorganique qui, dans la nature des choses, ne possède aucun pouvoir pour supporter une perturbation de cet équilibre des forces. Cet équilibre des forces est la condition de son fonctionnement normal, protégé d’une désorganisation dont il n’a pas le pouvoir inhérent de se remettre.

Les limites de l’élasticité…
Mais, pour l’organisme, cette élasticité a ses limites. Cette « vis medicatrix naturae » (le pouvoir de guérison naturelle) n’est pas inépuisable. Si la juste proportion des stimuli reste trop longtemps perturbée, les fonctions de l’organisme sont perturbées de façon permanente. Aucun rétablissement de l’équilibre des stimuli n’entraînera un retour à sa capacité normale. Les fonctions sont et restent perturbées – une maladie s’est produite ; ou, si nous choisissons d’appeler toute déviation d’un état d’équilibre une maladie, alors nous pouvons dire qu’il en résulte une maladie qui n’a pas tendance à revenir à un état de santé sans l’intervention d’une influence étrangère à l’organisme et qui soit différente des stimuli généraux évoqués plus haut.
Comme, dans ce cas, les stimuli généraux ne pourront ramener l’organisme à une activité saine, il faut rechercher et introduire un nouvel élément dont l’action sur les susceptibilités de l’organisme peut entraîner un rétablissement de la santé. Ce nouvel élément sera un stimulus spécial. Étant étranger à l’organisme et différent des stimuli généraux, il doit agir sur les susceptibilités de l’organisme que celui-ci n’éveille pas. Mais l’équation qui exprimera ses relations avec ces susceptibilités et qui fournira la référence pour son application, ne pourra jamais être découverte par une étude de physiologie, car la physiologie s’intéresse aux relations entre les stimuli généraux mentionnés ci-dessus et les susceptibilités générales de l’organisme.

Méthode inductive et vérifications déductives…
Cette formulation des relations entre les stimuli spéciaux et les susceptibilités spéciales ne peut être découverte que par l’application de la méthode inductive à une multitude de cas d’action et de réaction de ces stimuli et susceptibilités, et confirmée par des vérifications déductives ultérieures. Cette formulation constituera une loi empirique, qui sera la loi ou le principe fondamental de la Thérapeutique. Car l’application de stimuli spéciaux à l’organisme malade est du domaine de la science de la thérapeutique, tandis que tout ce qui concerne la restauration et le maintien d’un équilibre adéquat des stimuli généraux relève de la science de l’hygiène.

L’expérience quotidienne…
Ces propositions peuvent être plus intelligibles si elles sont illustrées en se référant à l’expérience quotidienne. Un homme en bonne santé est exposé à un niveau de froid inhabituel ; en d’autres termes, il existe pour lui un déficit de chaleur, l’un des stimuli généraux nécessaires au maintien de la vie. La nature a anticipé les variations dans l’apport de ses stimuli provenant de sources extérieures par l’appareil calorifique à l’intérieur de l’organisme. Malgré le fonctionnement de cette régulation, il est frigorifié et souffre de raideurs, etc. Après un certain temps, il cherche un abri, s’assoit près d’un feu, prend une boisson chaude ; en d’autres termes, il reçoit de sources extérieures un excès de ce stimulus général dont il a souffert par déficience. Ses fonctions reprennent leur cours normal. Il est en parfaite santé. Ici, l’équilibre des fonctions a été perturbé et (si l’on utilise des termes d’extrême rigueur) la maladie a été produite, mais pas à un degré dépassant les dispositions de la nature vis à vis de la médecine – la tendance naturelle à un rétablissement de l’équilibre des fonctions. Le cas a été traité sur la base de « principes généraux » conformément à la maxime « cause sublata tolliture effectus » – la cause venant à cesser, l’effet doit disparaître. Et cette maxime représente, en fait, la grande loi de l’Hygiène, à savoir : qu’il soit déterminé quel stimulus a été déficient ou excessif en quantité ou anormal en qualité, et que l’équilibre des stimuli soit rétabli.
Mais supposons que le même homme ait été à nouveau exposé au froid, peut-être à un degré plus élevé. Il cherche un abri et fait des tentatives pour retrouver la chaleur perdue, mais sans succès. Malgré le feu et les boissons chaudes, le refroidissement se poursuit et se trouve suivi de fièvre avec une respiration accélérée, de la toux, etc. ou des douleurs rhumatismales, si ce n’est de rougeurs et de gonflements, etc. Pourquoi cette différence entre les deux cas ? Ce cas aussi a été abordé selon des « principes généraux ». La cause a été éliminée, pourquoi l’effet n’a-t-il pas cessé ? L’équilibre des stimuli généraux a été rétabli et la perte a été compensée ; pourquoi l’équilibre normal des fonctions n’est-il pas rétabli ?
La proportion normale des stimuli généraux, il est vrai, a été rétablie, mais pendant la perturbation, un nouvel élément s’est rajouté au problème. L’organisme avait subi un changement dynamique puis organique. Les fonctions sont modifiées en permanence. Même si les stimuli généraux peuvent alors être équilibrés avec plus de soin que jamais, et dans le plus strict respect des règles d’hygiène, l’organisme ne réagira pas.

Supprimer la cause ? …
Ses fonctions sont exercées selon une nouvelle modalité. Les organes ne sont plus sensibles aux stimuli exercés selon les lois de l’hygiène. L’organisme est passé d’un état de santé à une maladie permanente. Les stimuli généraux qui, modifiés et équilibrés selon les lois de l’hygiène, ont suffi à le stabiliser alors qu’il basculait et se balançait dans sa course rapide le long du chemin accidenté et tortueux de la vie, ne répondront plus à ses besoins, car dans son basculement, il a quitté la route et se heurte maintenant aux bas-côtés : il évolue alors vers sa propre détérioration. Il a maintenant besoin de l’intervention d’un nouvel élément agissant selon une nouvelle loi – un dispositif de blocage et des leviers actionnés par des forces extérieures – pour le remettre sur la voie d’une action saine. Les stimuli généraux obtenus par les lois de l’hygiène étant insuffisants, de nouveaux stimuli à caractère spécial doivent être appliqués selon une nouvelle loi. Ces nouveaux stimuli sont des agents thérapeutiques, et l’étude de la loi et des agents constitue la science de la Thérapeutique.
Une nouvelle science thérapeutique
Ayant ainsi marqué ses limites, nous devons maintenant nous demander quelle doit être la nature d’une éventuelle science de la thérapeutique. Son objet est la modification des fonctions et des organes du corps. Ses agents sont des stimuli spéciaux provenant de n’importe quelle source du monde extérieur. Par quelle genre de méthode peuvent-ils être appliqués à ce patient ? Le thérapeute peut-il agir sur la base de « principes généraux » comme le fait l’hygiéniste ? Peut-il agir sur la maxime « cause sublata tollitur effectus » (l’élimination de la cause entraine la suppression de l’effet) ? Il est évident qu’il ne le peut pas.

L’empirisme, méthode scientifique…
Dans la mesure où la cause de la maladie peut être décelée dans une influence externe, le traitement se situe dans les limites de la science de l’hygiène, comme nous l’avons déjà évoqué. Mais dans la mesure où la cause de la maladie est identique à la cause essentielle de la modification de la fonction ou de l’organe que nous reconnaissons dans la maladie, elle ne peut jamais être découverte. En effet, elle est la même, dans sa nature, que la cause de l’action fonctionnelle ou organique saine. En d’autres termes, c’est la vie elle-même. Sa nature en tant que cause première, est impénétrable. Il est donc impossible de déterminer la cause essentielle des maladies, et d’appliquer un remède selon la méthode rationnelle – comme le fait l’hygiéniste – le thérapeute est nécessairement renvoyé de la recherche des causes premières, vers l’étude des phénomènes et vers l’adoption de la méthode empirique. Conformément à cette méthode, l’objet de ses recherches sera respectivement les symptômes manifestés par le patient, et les symptômes produits par le stimulus spécial, et son effort doit être de découvrir une équation générale qui exprimera une relation constante entre ces deux séries de symptômes et servira de loi thérapeutique.

Une loi thérapeutique…
En agissant ainsi, et selon cette méthode, il fera précisément ce que l’étudiant de chaque branche des sciences naturelles pratique. Car dans son incapacité à trouver la cause essentielle des phénomènes qui forment l’objet de son étude, le médecin se trouve dans la même situation que le naturaliste qui, lui aussi, a vainement cherché à découvrir les causes essentielles des phénomènes de gravitation, de lumière, d’action chimique et d’électricité. Pour déterminer la cause de la santé ou de la maladie, que ces phénomènes soient normaux ou modifiés , le médecin est donc incapable (sauf en matière d’hygiène, comme indiqué précédemment) de traiter la maladie selon le principe « tolle causam » – identifier la cause –, ou « selon des principes généraux ». Le naturaliste a donc été contraint d’abandonner la méthode rationnelle, telle que proposée par Aristote et les philosophes jusqu’à l’époque de Bacon et Newton pour adopter une méthode empirique dans laquelle le principe fondamental est une loi empirique ou une généralisation exprimant la relation entre deux séries de phénomènes. La science de la physique, par exemple, est constituée des phénomènes respectivement de deux groupes, ou séries de groupes, en ce qui concerne la densité et le volume, et de la loi de la gravitation qui exprime la relation entre ces phénomènes respectifs.
Le thérapeute, donc, abandonnant toute idée de construire une science de la thérapeutique sur la méthode rationnelle, doit avoir recours à l’empirique, comme l’ont fait les artisans des autres sciences de la nature. Les éléments de sa science seront les suivants : Il doit traiter un sujet connu par ses phénomènes – le corps malade, avec un médicament connu aussi par ses effets – le corps malade, avec un agent médicamenteux connu aussi par ses effets – le médicament ; cela avec l’appui d’une loi qui indiquera comment appliquer l’agent médicamenteux au patient pour accomplir une guérison. Cette loi exprimera la relation générale entre le médicament et l’organisme malade.

Complète ou incomplète, la loi thérapeutique est appliquable…
Plus notre compréhension de ces sciences sera imparfaite, moins notre connaissance des phénomènes de pathologie et de pathogénie sera complète, et inversement. Mais, aussi complète ou partielle que soit notre connaissance de ces deux catégories de phénomènes, la relation entre eux, telle qu’elle est connue, reste la même, et s’exprime toujours par la loi thérapeutique. Il en va de même pour la physique et pour toutes les sciences de la nature. Notre connaissance des propriétés physiques de la matière est en constante évolution. Plus elle sera complète, plus notre application de la loi des forces d’attraction sera exacte. Mais qu’elle soit complète ou incomplète, la loi est également applicable, et pour autant disponible.
Dr Caroll DUNHAM (traduction Charles Tocanier, 2020)
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