Traduit par Charles Tocanier du chapitre « does homeopathy fullfill conditions » in « Homoeopathy Science of Therapeutics » de Caroll Dunham

Source : https://homeopathybooks.in/homoeopathy-science-of-therapeutics-by-caroll-dunham/does-homoeopathy-fulfill-conditions/

Cet article fait suite à la publication « les limites naturelles des sciences de l’hygiène … »

Dr. Carroll DUNHAM. (1828-1877)
Le Dr Dunham fut diplômé de l’Université de Columbia avec mention en 1847. En 1850, il obtint son diplôme de docteur en médecine au Collège des médecins et chirurgiens de New York. Alors qu’il se trouvait à Dublin, il fut victime d’une blessure de dissection qui faillit le tuer, mais à l’aide de l’homéopathie, il se soigna lui-même avec Lachesis. Il fréquenta divers hôpitaux homéopathiques en Europe, puis se rendit à Munster où il logea chez le Dr Boenninghausen ; il étudia les méthodes de ce grand maître. Ses travaux comprennent des « conférences sur la médecine » et « l’homéopathie – science de la thérapeutique ».

 

Déviations de l’état de santé…

(…) Ainsi donc, les phénomènes morbides sont des déviations de l’état de santé. Comment pouvons-nous reconnaître ces déviations si nous ne sommes pas familiarisés avec une règle ?…

L’homéopathie remplit-elle les conditions de la science des thérapeutiques ? Pour revenir à notre argument, nous estimons que le champ pour une science des thérapeutiques est ouvert. À la lumière de ce qui a été dit, examinons les prétentions de l’homéopathie à être cette science.

Les prétentions de l’homéopathie…

Dans sa structure en tant que science, l’homéopathie est conforme au modèle que nous avons défini. Elle consiste en une loi ou une formulation qui exprime la relation entre deux séries de phénomènes : d’une part ceux d’un cas de maladie donné et d’autre part, ceux de l’expérimentation d’un médicament donné. L’élaboration de chacune de ces séries est du ressort de diverses sciences subsidiaires, et elles sont analogues dans leur mode de développement. Chaque série est cependant entièrement indépendante de l’autre. Chacune peut être poursuivie indépendamment, en tant que branche des sciences de la nature. Sous les auspices de la pathologie et de la pathogénie respectivement, des recherches peuvent être effectuées sans qu’aucune perspective d’application pratique pour la guérison des malades n’en ressorte. Ce n’est que lorsqu’elles sont liées par la loi de leur relation (la similitude) qu’elles constituent la science de la thérapeutique.

D’ailleurs, en respectant cette loi, leur application ne repose sur aucune hypothèse concernant le caractère fondamental de la variété des phénomènes ou de leur mode de fonctionnement lorsqu’ils sont mis en œuvre. Cela peut surprendre certains qui savent à quel point Hahnemann a argumenté sur ces points dans son Organon. Mais ces arguments ne constituaient pas une partie essentielle de son système. Ils étaient le résultat d’un travail de sensibilisation au mode de pensée dominant. Ils constituent la seule partie controversée de ses écrits, et sont les seules positions qui n’ont pas résisté triomphalement aux assauts de ses critiques.

L’application de l’homéopathie…

Venons-en à l’application de l’homéopathie. Nous avons montré les conditions auxquelles toute science inductive doit se conformer. Nous constatons en premier lieu que l’homéopathie est capable d’un progrès infini dans chacun de ses aspects, sans que ce progrès n’implique la destruction ou la négation de ce qui a été construit ou accepté auparavant. L’étude des phénomènes (qu’il s’agisse de maladies ou de médicaments) s’est d’abord limitée à l’observation des manifestations extérieures et des sensations subjectives telles qu’elles peuvent se présenter à nos sens – et ceci sans l’aide d’aucun des moyens par lesquels la science moderne les a affinées. Cette étude s’est également intéressée aux relations et dépendances mentales des symptômes pour lesquelles nous sommes redevables des découvertes modernes en chimie et en pathologie. Mais ces progrès en pathologie, aussi importants soient-ils, n’ont pas modifié la relation entre les phénomènes de maladies naturelles et ceux de la pathogénie. Ces phénomènes, qu’ils soient mal appréhendés, ou alors clairement et pleinement compris dans toutes leurs relations et interdépendances, ont toujours la même relation les uns avec les autres. Cette relation est exprimée par la loi Similia Similibus Curantur – loi de similitude. Nous ne pouvons imaginer aucun développement possible des sciences de la pathologie et de la pathogénie qui pourrait modifier cette relation.

Un tremplin vers le futur…

Ainsi, la loi elle-même n’est peut-être qu’un tremplin vers une généralisation encore plus large qui l’englobera un jour, et qui clarifiera certaines choses que nous ne percevons aujourd’hui que de façon floue. Mais si cela devait se produire, comme cela s’est produit dans d’autres sciences naturelles, il n’y aura (et il ne peut y avoir) aucune révolution dans ce domaine. Il se peut que l’édifice, tel que nous le connaissons aujourd’hui, soit encore inachevé. Il se peut que d’autres éléments viennent un jour s’y ajouter. Mais il est certain que cette généralisation sera une base, un premier pas indispensable dans la construction de la science thérapeutique.

 La façon dont la deuxième condition – celle de la prévisibilité – est satisfaite par l’homéopathie est une source de progrès inestimable pour la collectivité. Il découle des termes mêmes de la science de l’homéopathie que si les symptômes d’une maladie donnée sont bien connus, la loi de la relation indiquera immédiatement le médicament approprié (si celui-ci est disponible dans la Materia Medica) ; et cette indication peut être invoquée avec une confiance absolue, même si aucun cas de maladie de ce type n’a jamais été traité jusqu’à présent.

À l’inverse, lorsque les propriétés d’un médicament donné ont été étudiées et ses effets toxiques bien établis, le thérapeute est en mesure de se prononcer avec certitude sur la forme de la maladie qu’il va guérir, même si aucune maladie de ce type n’a jamais été observée ou traitée par lui-même ou par quiconque. Un exemple illustre de pronostic a été fourni par Hahnemann. Le terrible bilan du choléra asiatique, lors de sa première offensive sur l’Europe, est bien connu. Pour pallier leur manque de succès, les médecins de la vieille école arguèrent que cette maladie était nouvelle pour eux, qu’ils n’avaient pas eu l’occasion de l’étudier et de vérifier par l’expérimentation les effets des médicaments sur elle. Ce plaidoyer était plausible, mais fatidique pour les ambitions de leur science. En fait, cette science ne leur a servi à rien. Car les mille premiers cas auraient sûrement dû permettre de disposer de moyens suffisants pour apprendre la pathologie de cette maladie et la façon de la soigner. Mais des centaines de milliers de personnes ont péri, et pourtant le pourcentage de mortalité n’a pas diminué.

Les preuves apportées par l’épidémie de cholera…

Alors que la maladie était encore aux confins de l’Europe, avant qu’elle n’envahisse l’Allemagne, bien avant que lui-même ou l’un de ses collègues n’en ait vu un cas,

« Hahnemann, guidé par la loi naturelle infaillible qu’il avait découverte, se pencha aussitôt sur les remèdes qui devaient s’avérer spécifiques pour elle. Il fit imprimer et distribuer des instructions par milliers dans tout le pays. Ainsi, lors de l’arrivée de l’épidémie, les homéopathes et ceux qui avaient reçu les instructions d’Hahnemann étaient parfaitement préparés à son traitement et à sa prophylaxie. Il ne fait donc aucun doute que de nombreuses vies ont été sauvées et de nombreuses victimes sauvées de la maladie. De toutes parts, des déclarations ont été publiées témoignant de l’immense succès comparatif qu’avait connu l’emploi des mesures recommandées par Hahnemann avant qu’il n’ait vu ou traité un seul cas. Plus que tout autre, ce seul fait en dit long sur l’homéopathie et sur la véracité de la loi naturelle sur laquelle le système est fondé, à savoir que Hahnemann, à la simple lecture d’une description de l’une des maladies les plus effroyablement rapides et mortelles, pouvait dire avec certitude et rigueur que tel médicament fera du bien à ce stade de la maladie, tel autre médicament à tel autre stade. Il s’agit-là de la preuve sur l’exactitude de la conclusion de Hahnemann déduite des témoignages pratiques » (Conférences de Dudgeon sur l’homéopathie, p.37)

On peut ajouter que lors de la deuxième épidémie de choléra en 1849, la vieille école (ndlr : la médecine allopathique), malgré son expérience de 1831-1834, n’a connu qu’un succès à peine meilleur, alors qu’une fois de plus, la pertinence des conclusions de Hahnemann et la revendication de l’homéopathie à cette anticipation qui caractérise une vraie science ont été justifiées par le brillant succès du traitement homéopathique.

C’est une déduction…

John Stuart Mill, dans la partie de son ouvrage de Logique que nous avons déjà citée, s’exprime sur les trois méthodes d’investigation : celle de l’observation, celle de l’expérimentation et celle de la déduction. Il montre de façon concluante que les deux premières sont inapplicables à la médecine. Il s’explique ensuite sur la méthode déductive. Ses termes constituent la description la plus concluante de la philosophie de l’Homéopathie. « Si par exemple, alors que nous éprouvons la philosophie de l’homéopathie, nous menons des expérimentations avec le mercure sur une personne en bonne santé, afin de déterminer les lois générales de son action sur le corps humain, et que nous raisonnons à partir de ces lois pour déterminer comment il agira sur les personnes atteintes d’une maladie particulière, cela peut être une méthode vraiment efficace, et c’est une déduction ».

Share This