Maladies et suppressions

«Dans l’état de santé, l’énergie vitale immatérielle — Dynamis — animant la partie matérielle du corps humain règne de façon absolue.» Samuel Hahnemann , Organon 6ème édition (1)

Il y aurait des volumes et des volumes à écrire sur la façon dont les homéopathes comprennent la maladie. Ne voyez donc ici qu’une très brève ébauche.

Énergie vitale, force vitale, Dynamis

Ces trois mots expriment le même fait : celui d’une force régissant, organisant, régulant les grandes fonctions vitales (corporelles mais aussi mentales) qui font qu’un être est en vie et s’y maintient. La médecine chinoise utilise le terme Qi (Tchi) qui peut être rapproché de la notion de Prāna dans la tradition médicale ayurvédique indienne.

Nous sommes-là dans une vision vitaliste de la santé : sans Force Vitale, principe immatériel, l’organisme ne peut sentir, agir et maintenir sa conservation. Cette Force Vitale anime le phénomène complexe de la vie, de ses fonctions et de sa conservation.

Le symptôme ? Un ajustement !

Le symptôme n’est qu’un ajustement, un compromis que l’organisme va animer afin de pallier un déséquilibre énergétique (une atteinte de la Force Vitale) : il s’agit de retrouver une harmonie, de freiner le déséquilibre et d’empêcher son développement de façon plus interne.

« C’est uniquement la rupture d’équilibre de l’Energie Vitale qui est la cause des maladies. Les manifestations pathologiques accessibles à nos sens, en reflétant l’intégralité des troubles internes, expriment en même temps le dérèglement de la Dynamis, cette puissance intérieure soustraite à nos regards ». Samuel Hahnemann Organon 6ème édition (1)

Lorsqu’un déséquilibre énergétique vient perturber l’équilibre vital, la Force Vitale produit des symptômes afin de le repousser au plus loin des centres vitaux essentiels.

Au fur et à mesure que cette « Dymanis » s’affaiblira, elle aura de plus en plus de difficultés à produire des symptômes périphériques éloignés des centre vitaux, ceux-là mêmes qu’elle cherche à « défendre ». Une progression de symptômes de plus en plus profonds sera notable qui traduit une baisse du niveau de santé.

Supprimer un symptôme ?

En supprimant un ou plusieurs symptômes, l’occasion est donnée au déséquilibre morbifère de se propager plus à l’intérieur. Ce processus peut s’étaler sur des années.

En fait la suppression du symptôme ne donne qu’une illusion de guérison puisqu’il permet au déséquilibre d’accèder progressivement aux « couches » les plus profondes de l’organisme.

Ainsi, tout cet organisme se dégrade petit à petit et le niveau de santé baisse.

Le phénomène de suppression de symptômes n’est pas l’apanage exclusif de l’allopathie : une homéopathie mal pratiquée peut aussi en provoquer.

Un grand tableau classique de suppressions en cascade :

  1. Un eczéma est supprimé, le malade s’en réjouit. [Il ne devrait pas !]
  2. Survient ensuite un asthme.
  3. Après suppression de cet asthme, des phobies se manifestent ou bien une dépression commence à se apparaître.

Le répertoire de Kent (un des instruments historiques de base de l’homéopathe) comporte environ 300 symptômes liés aux suppressions !

Les recettes homéopathiques

Ainsi donc, la prudence est de mise vis-à-vis d’une automédication à partir de recettes ! Non seulement parce qu’elles peuvent provoquer des suppressions, mais aussi parce qu’un traitement mal mené ou avec des médicaments inappropriés peut greffer une perturbation énergétique plus ou moins durable qu’un homéopathe devra résoudre avec, quelquefois, difficulté.

Dans son excellent ouvrage : d’homéopathie pédiatrique (2), Jacques Lamothe (qui n’a rien de comparable au cuisinier ci-dessus !) nous cite quelques exemples des très mauvaises recettes à éviter :

début de rougeole : Morbillinum. (potentielles aggravations importantes),

– début de coqueluche : Pertussinum. (potentielles aggravations importantes)

– eczéma suintant du nourrisson : Graphites. (belle suppression avec asthme à la clé dans les dix-huit mois),

– cas brouillé : Sulfur, « pour éclaircir le cas » (embrouille encore plus si non homéopathiquement indiqué),

– problèmes dentaires : Chamomilla. (ne convient statistiquement qu’à 10% des cas, 90% d’échecs !),

– trac : Gelsemium. (idem !),

– terreurs nocturnes : Stramonium (idem),

– début de rhume : Allium-cepa. (idem),

– fortifiants en fin de maladie aiguë : China. ou Sulphur-iodatum. (l’eau de Lourdes est bien plus efficace !),

– après chaque vaccin : Thuja. (ne sert qu’à embrouiller) ».

Si dans les cas décrits ci-dessus votre homéopathe vous a fait une telle prescription, c’est qu’il a de bonnes raisons pour le faire et son choix résulte alors d’une analyse n’ayant rien à voir avec une recette.

Des conseils judicieux semblent de mise par rapport à une automédication qui se ferait en dehors de solides connaissances de l’homéopathie :

  • Pas de répétition de médicament plus de 3 jours.
  • En cas de troubles aigus, les premières prises de médicament doivent soulager rapidement. Si ce n’est pas le cas, se souvenir qu’en prendre plus et/ou plus souvent n’améliorera pas votre situation.
  • Après la prise du médicament homéopathique, si vous sentez une aggravation de votre état, ne renouvelez pas.
  • Si de nouveaux symptômes apparaissent après avoir pris votre médicament, n’en reprenez pas.
  • Si vous sentez que votre état ne s’améliore que très peu et très lentement, n’insistez pas. Là encore, en prendre plus et/oou plus souvent ne fera que compliquer la situation.

Bref, consultez votre homéopathe !

(1) traduction Pierre Schmidt revue par Edouard Broussalian
(2) Homéopathie en pédiatrie Jacques Lamothe – Editions Elsevier
Références :
Samuel Hahnemann, Organon der Heilkunst VI – Narayana Verlag
Les niveaux de santé , George Vithoulkas (trad. Edouard Broussalian, Jean-Claude Ravalard) HLP Publishing
The Homeopathic Compendium, David Little
Hahnemann revisited, Luc de Schepper Full of Life Editions
Achieving and maintening the similimum Luc de Schepper Full of Life Editions
André Saine, Seminar Homeopathy Vol. II The Method – Lutra
George Vithoulakas, The Science of Homeopathy – Academy of Classical Homeopathy
Edouard Broussalian, Principes de la nouvelle médecine Vol.1 & Vol.2 – HLP Publishing
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