Principes primordiaux
Si le nom d’une maladie mis sur vos maux est utile pour l’homéopathe, il n’en reste pas moins que ce dernier cherchera à dépasser ce diagnostic en scrutant chez vous de quelle façon bien personnelle vous « faites » votre maladie.
Imaginons que vous consultiez : vous avez de la tension. Sur ce simple nom « hypertension » plus de 200 médicaments sont potentiellement actifs ! Pour vous, moins d’une dizaine auront un effet potentiellement notable mais vraisemblablement pas durable. Parmi cette dizaine seulement deux ou trois pourront avoir un effet durable !
Prenons le cas de Sylvie, par exemple. Des céphalées régulières l’ont poussée à consulter ; un suivi sur plusieurs jours de sa tension artérielle fera tomber le verdict : hypertension. Eh bien, l’homéopathe ne peut se contenter de ce diagnostic pour choisir sa thérapeutique : il va chercher quels symptômes très personnels sont remarquables chez Sylvie. Il note donc :
- Des céphalées immanquablement accompagnées de fortes douleurs dentaires,
- Depuis quelque temps et régulièrement sont survenues des règles très douloureuses. Elle se rend compte qu’à ce moment-là, consommer du café soulage.
- Sont apparus également des « faux besoins » : envies d’aller urgemment à la selle sans toutefois parvenir à se soulager.
- Le matin, elle se réveille avec la sensation d’avoir la langue lourde et a du mal à parler.
- Elle ne peut porter des vêtements serrés au coup.
Sylvie a besoin d’un médicament bien précis. Les connaisseurs en homéopathie l’ont bien sûr reconnu !
Pour Bertrand, souffrant lui aussi d’hypertension, c’est autre chose.
- Il a des céphalées au-dessus de la nuque qui rayonnent vers le haut et vers les oreilles. La lumière aggrave ses maux de tête.
- « Si ça continue, un jour je me jetterai par la fenêtre tellement c’est insupportable » affirme-t-il.
- Il se plaint d’avoir très souvent froid au mains et curieusement très chaud à la tête en même temps.
- Lors des crises de céphalées, il est pris de tremblement dans les mains.
Bertrand a besoin d’un tout autre médicament que Sylvie !

Principe primordial n°1 : la totalité
Votre homéopathe va analyser la totalité des symptômes qui se manifeste chez vous. Cette totalité est significative : elle indiquera de quelle façon bien personnelle vous « faites votre maladie ». Cette analyse, plutôt que le nom de la maladie, conduira vers le choix du médicament approprié. Ne tenir seulement compte que du symptôme le plus gênant motivant au départ la consultation serait une démarche infructueuse, voire potentiellement néfaste – voir article sur les « suppressions ».
Principe primordial n°2 : ressemblance, similitude
Le médicament qui vous conviendra doit impérativement présenter la plus grande ressemblance possible (loi de similitude) avec vos symptômes. Il doit «coller» au tableau de la totalité que vous exprimez au moment de la consultation. C’est pourquoi votre homéopathe pourra prendra du temps pour bien comprendre ce tableau unique qui est le votre.

A : Un ou quelques symptômes sont isolés du reste de la totalité : échec prévisible.
B : La totalité prise en compte est incomplète, des symptômes ne sont pas pris en compte : échec à plus ou moins long terme.
C : Un médicament est appliqué sur un symptôme ou un groupe de symptômes décorrélés de la totalité : risque de suppression.
D : Prise en compte de la totalité : thérapie homéopathique menée correctement.
Principe primordial n°3 : dose minimale
La dynamisation du médicament est choisie afin d’être énergétiquement plus puissante que la maladie. L’administration de celui-ci sous forme d’une préparation diluée dans de l’eau permet un dosage plus précis et ainsi un meilleur contrôle de ses effets.
« §276.— Un remède, même homœopathiquement approprié, est nuisible quand la prise donnée est trop grande en volume et davantage encore si celle-ci est trop fréquemment répétée. Cet effet est d’autant plus pernicieux que le remède a été plus homœopathiquement sélectionné et que la dynamisation est plus haute. Si de telles erreurs sont commises, on porte un préjudice plus grand au malade qu’avec une dose égale d’un médicament impropre (allopathique), c’est-à-dire sans rapport aucun de convenance avec la maladie » (1)
Autrement dit, plus la similitude entre les maux du malade et le médicament est grande, plus la quantité de médicament doit être restreinte ! D’où l’utilisation de doses préparées dans de l’eau à partir de globules. Il s’agit tout d’abord de préparer une solution-mère dans laquelle vous prélèverez une quantité donnée afin de refaire une dilution dans un verre à chaque fois que le médicament est à renouveler.
Lorsqu’un médicament de même dynamisation est renouvelé, il y a un risque que ce renouvellement provoque une aggravation de votre état. En dynamisant un peu plus la solution-mère à chaque renouvellement, ce risque est diminué. Ceci est obtenu en appliquant des succussions (secousses) au flacon de solution-mère. Votre homéopathe vous indiquera le nombre de succussions à appliquer avant chaque prise.


Un traitement en dose liquide à partir des globules achetés en pharmacie est très facile à réaliser. Cela n’a rien de compliqué et votre homéopathe vous guidera pour ce faire.
Evidemment, cette méthode ne proscrit pas l’absorption sous la langue de votre médicament comme vous êtes vraisemblablement habitué à le faire. En homéopathie, non seulement le médicament est individualisé, mais aussi son mode d’administration.
A noter que d’autres méthodes d’absorption du médicament sont possibles (conformément à l’Organon 6ème Edition) : par olfaction ou par friction. Votre homéopathe fera la choix en fonction notamment :
1 – de votre niveau de santé,
2 – de votre niveau de sensibilité,
3 – du degré de similitude entre vos maux et le médicament choisi,
4 – de l’intensité de votre perturbation énergétique.
Qu’en est-il du renouvellement du médicament ? La réponse variera en fonction de ce qui est à soigner chez le malade et du malade lui-même !
- Est-il question d’un cas aigu (notamment dans le cadre d’épidémies : gastro-entérite, grippe, etc) ? Ici, il est probable qu’un renouvellement fréquent soit de mise – mais sur une période courte. Cela dépendra du médicament choisi, de sa dynamisation. Très souvent, dans les cas aigus, l’effet dynamique d’une dose est rapidement consommé. Si la dynamisation est trop faible et/ou si l’homéopathicité (degré de similitude entre la personne et le médicament) du médicament est incomplète, le cas risque de patiner et de ne pas évoluer dans la bonne direction.
- Est-il question d’un « faux aigu », qui n’est en fait qu’un réchauffement plus ou moins intense d’une condition chronique ? Il en est ainsi de nombreux cas prétendus « aigus ». C’est votre homéopathe qui saura faire la différence et vous traiter de façon convenable.
- Est-il question d’une condition chronique ? Quelle est la nature, au sens de l’homéopathie , de votre maladie chronique ? Là encore, reposez-vous sur l’analyse qu’en a fait votre homéopathe.
Dans ces cas chroniques (ou de « faux aigus »), certains unicistes pratiquent l’administration systématique d’un médicament par doses « en échelle » à intervalle donné. Par exemple semaine 1 : 1 dose de MK ; semaine 2 : 1 dose en XMK ; semaine 3 : 1 dose en LMK, etc… Cette pratique ne tient absolument pas compte des réactions de la personne. Il est impératif de savoir quels sont les effets d’une dose et durant combien de temps ils seront actifs. Chaque personne est unique, le couple réactionnel qu’il forme avec le médicament est unique ; les « protocoles » préétablis ne sont pas une pratique satisfaisante. Tout renouvellement doit être basé sur une nouvelle analyse :
a) comment la personne a-t-elle réagi à la dose ?
b) l’effet du médicament court-il encore ? (1 seule dose de certains médicaments peut voir l’effet se prolonger sur plus de 2 mois !)
c) le médicament a-t-il modifié le tableau du malade ? Dans quel sens évolue son état de santé ?
D’autres exigences
Sauf exceptions que votre homéopathe hahnemannien est à même de juger, en complément de ces trois principes sont à prendre en compte d’autres exigences thérapeutiques dans le choix d’un médicament Nous ne citerons ici que les moins complexes.
- Le médicament homéopathique doit être d’un genre différent de l’affection que présente le malade. Ce serait trop simple de vouloir guérir une maladie en faisant avaler au malade le remède dynamisé préparé à partir d’une souche de sa maladie : on guérit rarement, par exemple, d’une mononucléose à l’aide d’un médicament préparé à partir d’une culture du virus d’Epstein-Barr !
- Le médicament homéopathique à prescrire doit présenter une expérimentation large et exhaustive sur l’homme sain. Sans cette base scientifique qui permet de connaître les effets potentiels d’un médicament, il est impossible de suivre la progression des symptômes chez un patient.
- Vous comprenez ainsi la nécessité d’une base expérimentale large et fiable ! Sauf de rares exceptions justifiées par un choix rationnel de votre homéopathe, exit les médicaments pour les masses, « facilement prescrits » ou « à la mode » s’ils ne bénéficient pas d’expérimentations solides sur l’homme sain. Citons par exemple : Influenzinum, Sérum de Yersin, Oscillococcinum, etc… Il n’existe pas d’expérimentation exhaustive et fiable de ces médicaments. Attention aux croyances, effets de modes et promotions publicitaires des firmes commercialisant de l’homéopathie !

Douce, rapide et durable
« §276.— L’idéal thérapeutique consiste à rétablir la santé d’une manière rapide, douce et permanente, à enlever et à détruire la maladie dans son intégralité, par la voie la plus courte, la plus sûre et la moins nuisible, cela d’après des principes clairs et intelligibles » Samuel Hahnemann (1)
Hahnemann, fondateur de l’homéopathie est explicite : la thérapie doit être fondée sur des « principes clairs et intelligibles » ! Exit, donc, les considérations fumeuses et ésotériques sur le choix de tel ou tel médicament. L’homéopathie repose sur des bases scientifiques expérimentales : il s’agit rien moins que de rechercher le médicament provoquant chez l’homme sain un tableau de symptômes similaire à celui de la personne à soigner. Nous parlons bien de « similaire » et non « d’identique » : utilisé dans un cadre homéopathique conforme, le médicament utilisé doit être d’un genre différent de la maladie. Il ne faut pas confondre homéopathie (similaire) et isothérapie.(identique) Cette dernière entend guérir une maladie à partir d’une préparation dynamisée réalisée à partir de tissus ou d’excrétions morbides de la maladie à soigner. Sauf dans des cas bien précis que connait votre homéopathe, un tel médicament ne sera efficace que si le tableau de symptômes qu’il provoque chez l’homme sain est semblable à celui du malade. A condition que ce tableau de symptômes sur l’homme sain soit connu !

Pluralisme ? Non merci !
La pratique de la méthode pluraliste (très répandue en France) ne respecte pas les principes essentiels que nous venons de décrire : plusieurs médicaments sont prescrits en même temps sans tenir compte de la totalité du malade.
« L’homéopathie » pluraliste ne donne qu’une illusion de guérison : tout comme une médicamentation allopathique, elle ne fera que supprimer un symptôme sans toutefois améliorer le niveau de santé du patient. Les symptômes seront repoussés à un niveau plus profond, donnant de façon insidieuse l’impression d’une amélioration. Les vrais homéopathes connaissent très bien ce qu’ils appellent les « suppressions de symptômes » (2). Un grand cas classique : un eczéma est supprimé quelque temps après apparait de l’asthme qui supprimé à son tour laissera place à des troubles cardiaques ou à une dépression… De plus, un vrai homéopathe pourra rencontrer de grandes difficultés à « désembrouiller » le cas d’une personne qui aura été saturée de « bouillabaisses homéopathiques ». La vraie bouillabaisse est bien meilleure autour d’une bonne table !

Idée répandue, mais fausse !
Une idée largement répandue et diffusée insiste sur le fait qu’un médicament homéopathique ne provoque pas « d’effets secondaires ». C’est absolument faux ! Un médicament homéopathique est parfaitement capable de provoquer des symptômes. C’est d’ailleurs à partir de cette capacité à créer des troubles chez les sujets sains qui l’expérimentent qu’est fondée toute la pratique scientifique de l’homéopathie. N’hésitez pas à questionner votre homéopathe sur ce point !
Les limites de l’homéopathie
Evidemment, l’homéopathie ne remplacera pas une glande réséquée ou un membre amputé !
Elle fait toutefois la preuve d’ un champ d’action thérapeutique considérable, ses limites dépendront toutefois :
- de la compétence du thérapeute,
- du niveau d’énergie que possède le malade pour revenir à un état de meilleure santé. Dans ce cas l’homéopathie est capable d’apporter une remarquable aide palliative.
Ce que vous devez retenir
L’homéopathie hahnemannienne est une méthode thérapeutique s’appuyant sur des règles et des lois. Hahnemann n’a rien « inventé » (au sens moderne du mot) mais, en scientifique érudit et expérimentateur, il a étayé ses propres expérimentations par le recueil d’observations médicales plurimillénaires afin de nous offrir une thérapeutique qui démontre par les faits son efficacité. La bonne observance des préceptes de globalité, similitude, dose minimale sera le gage du respect de votre vitalité tout entière ! Un être humain ne peut être un puzzle dont on isole ou enlève des pièces. Un être humain ne saurait être une machine dont le fonctionnement est immanquablement prévisible !
